Nous allons traiter la pneumonie acquise sous ventilation mécanique ou VAP. Nous profitons de la sortie des recommandations de la IDSA (Infectious Diseases Society of America) durant l'été pour mettre à jour quelques notions concernant cette bête noire des réanimateurs. Sans trop trainer commençons notre Top 7 de la VAP:
07. C’est grave si mon patient développe une VAP?
Bon,
ce n’est pas le “coup de boule” qui a fait perdre la France la coupe du monde,
mais c’est très grave quand même. La VAP prolonge le temps de ventilation
mécanique. Les taux de mortalité secondaire à une VAP vont de 10 à 30%. S’il
s’en sort, le patient restera une semaine de plus en réanimation à cause de
cette complication infectieuse. Enfin une VAP coûte cher. Un patient à Genève
qui développe une VAP coûte 24000 CHF en plus.
06. Quand est ce qu’il faut suspecter la VAP?
05. Comment diagnostiquer la VAP?
Premier examen à faire pour lancer la procédure diagnostique d’une VAP est obligatoirement une RADIOGRAPHIE THORACIQUE. Aucune prise en charge de VAP n’est acceptée avec une radiographie normale.
Le deuxième test à faire est une CULTURE DES SÉCRÉTIONS BRONCHIQUES. la sous-question qui se pose là est : Quel prélèvement faire? Une aspiration trachéale simple, un LBA, un brossage? une culture quantitative ou semi quantitative?
La réponse n’est pas simple car l’évidence n’est pas forte là ( un peu comme sur la majorité des autres recommandations, mais on fait de notre mieux). En terme de sensibilité et de spécificité nous ne gagnons pas nécessairement avec les prélèvements distaux par rapport à l’aspiration trachéale. Un bénéfice qui sort des prélèvements distaux dans les études est le fait de pouvoir arrêter les antibiotiques 2.8 jours plus tôt. Ce résultat n’était pas reproductible en faisant le “pooling” des études sur ce sujet. Pour le type de culture, les recommandations de l’IDSA favorisent les PRÉLÈVEMENTS NON INVASIFS (ASPIRATIONS TRACHÉALES) ET CULTURE SEMI QUANTITATIVES. les données disponibles ne montrent pas de supériorité pour les prélèvements profonds invasifs par rapport aux aspirations trachéales. Un seul point qui pourrait nous pousser aux prélèvements invasifs est la durée plus courte d'antibiothérapie. Et encore, le bénéfice n’a pas été reproductible dans les différentes études qui ont traité ce sujet.
Le dernier élément de la démarche diagnostic est le CPIS. Le “Clinical Pulmonary Infection Score” regroupe les différents éléments cliniques et paracliniques pas nécessairement tous présents au moment de la suspicion diagnostique de la VAP. Ce score à 6 ou plus, a une sensibilité et spécificité simultanément à 65% et 64% (Tableau 1). les faux négatifs et positifs avec le CPIS sont à 35 et 36%. Vu le danger de sous-diagnostiquer les VAP, l’IDSA ne recommande pas l’usage du CPIS pour le diagnostic de la VAP.
Tableau 1: Les éléments du CPIS
Elément
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0
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1
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2
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Sécrétions trachéales
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Rares
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Abondantes
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Purulentes
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Leucocytes
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4000-11000
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<4000 ou >11000
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<4000 ou >11000 et déviation gauche
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PaO2/FiO2
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>240 ou ARDS
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-
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<240 sans ARDS
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Radio Thorax
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Radio normale
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Infiltrats diffus
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Infiltrats localisés
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Température 0C
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36.5-38.4
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38.5-38.9
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<36.5 ou > 39
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Culture aspirations trachéales
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Négative
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Positive
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04. la Procalcitonine a-t-elle une valeur diagnostique dans la VAP?
03. Comment traiter une VAP?
Le traitement d’une VAP doit démarrer une fois le diagnostic suspecté. L’IDSA recommande, à juste titre, que toutes les institutions sortent leur antibiogramme local et plus spécifiquement les germes et sensibilités des soins intensifs. Il est clair que les soucis par exemple du SARM ( staphylococcus aureus résistant à la méthicilline) aux Etats Unis n’ont rien à voir avec l’Europe où ce germe reste assez rare. Pour cela le traitement doit prendre compte de la microbiologie locale du pays et de la maison. Ceci étant dit, une question hamlétienne se pose: “Couvrir ou ne pas couvrir les germes résistants, telle est la question.” en cas d’absence de facteur de risque pour des germes résistants (Tableau 2) les thérapeutiques doivent viser le Staphylocoque dorée sensible à la méthicilline, le pseudomonas aeroginosa et les bactéries Gram négatif. D'où le choix d’une Beta lactam couvrant ces germes comme: Tazobac, Cefepim, meropenem ou imipenem cilastatin, ou une quinolone respiratoire comme la Levofloxacin ou la ciprofloxacin.
Tableau 2: Facteurs de risque pour des germes résistants
Antibiotiques en IV durant les 3 derniers mois
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Choc septique au moment du diagnostic de la VAP
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ARDS avant la VAP
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hospitalisation > 5 jours avant la VAP
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Dialyse aiguë avant la VAP
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En cas de présence d’un facteur de risque pour des germes résistants, l’antibiothérapie devra être plus large évidement. une double couverture du pseudomonas résistant à base d’une Beta lactam large spectre (Tazobac, Cefepim, Ceftazidim, Imipenem, Meropenem, Aztreonam) et d’une non Beta Lactam: Quinolone (Levofloxacine, Ciprofloxacin) ou d’un Aminoside (Amikacin, Gentamicin, Tobramycin) ou d’une Polymyxine (Colistine, Polymyxine B). En cas de risque d’une Infection à SARM, Il est recommandé d’ajouter La Vancomycin ou le Linezolid.
02. Les antibiotiques inhalés ont-ils une place dans la prise en charge?
01. Comment prévenir la VAP?
Nous savons que les micro-inhalations sont à l’origine de la VAP. intuitivement, les mesures efficaces pour la prévention des VAP consistent à diminuer, voire éliminer ces micro-inhalations. Les mesures déjà reconnues efficaces dans la prévention sont:
- Assurer une désinfection oropharyngée quotidienne par une solution antiseptique. Profiter des tubes munis d’une aspiration sous glottique pour une désinfection en dessous des cordes vocales.
- Vérifier la pression du ballonnet (25 à 30 cmH2O) quotidiennement.
- Minimiser au maximum le décubitus dorsal strict. favoriser la position à 300
- Arrêt quotidien de la sédation afin de minimiser au maximum les jours de ventilation mécanique et par conséquent le risque de VAP.
SRAM rareté en France?
RépondreSupprimerBonjour
SupprimerMerci pour votre question.
En fait le SARM en France ne constitue, selon les données épidémiologique les plus récentes, qu'une faible proportion des infections nosocomiales. les derniers chiffres montrent qu'il n'y a que 0,19 à 0,80 cas de SARM par 1 000 jours d'hospitalisation.
Ceci étant dis, il faut toujours revoir les chiffres de l'institution où vous travaillez afin de bien cibler les germes locaux.
Bonne Journée
Team BLOCKCHOC